Stecy MONTABORD, le Cri du Cœur (Part. 3)

15 juillet 2020

L’entrée dans une nouvelle dimension

Alors qu’elle n’a que 15 ans, la jeune femme est appelée à un stage avec l’équipe de France U15 dans le but de disputer le Tournoi de l’Amitié, l’équivalent du championnat d’Europe qui ne dit pas son nom et qui oppose chaque été les équipes nationales de cette catégorie. Mais là, première déception, première désillusion puisque son temps de jeu est pour ainsi dire réduit à néant ou presque dans cette compétition, que son équipe remportera mais au moment de recevoir la médaille, elle a estimé ne pas l’avoir méritée et la donnera d’ailleurs rapidement à sa grand-mère.

Malgré ce côté individualiste auquel elle était confrontée, il fallait rebondir et cette frustration n’a pas duré très longtemps. Ainsi, à l’âge de 16 ans, nouvelle reconnaissance du travail effectué jusqu’à maintenant puisqu’après avoir passé brillamment les tests d’entrée, elle arrivera au Centre Fédéral, autrement dit l’INSEP. Mais là-bas, sa vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Car si tout se passait bien au niveau de son perfectionnement, sa progression, le côté relationnel avec ses coéquipières et le staff n’était pas au beau fixe. Compte tenu du fait qu’elle avait redoublé une classe à l’école primaire, elle se retrouvait seule pour effectuer son année de troisième. Une situation difficile pour une « gamine » de 15 ans qui découvrait un environnement nouveau, éloignée de ses proches. Mais encore une fois son tempérament de battante lui a permis de ne rien lâcher et d’obtenir le premier examen de sa vie : le Brevet des Collèges. Une première grande fierté sur le plan scolaire. D’autant plus que cette année a été compliquée personnellement parce que Stecy a eu du mal à enchaîner les cours et les entrainements. Il n’était d’ailleurs pas rare de la voir littéralement dormir en classe mais heureusement, ses professeurs faisaient preuve de compassion et de compréhension.

Côté basket, Stecy avait été appelée encore une fois en équipe de France et cette fois-là, c’était pour disputer un « vrai » championnat d’Europe, celui des U16. Mais nouvelle déception car compte tenu d’un manque de maturité, le staff tricolore ne l’a pas sélectionnée. Au fond d’elle, elle se disait que son tour viendrait plus tard… Et plus tard, ça aurait pu être l’été suivant lors du Mondial U17. Seulement voilà, cette fois, les coaches des Bleuettes qui ont décidé de ne pas compter sur sa présence dans le groupe car un niveau de stress trop important lui faisait perdre ses moyens sur le terrain. Cette décision a profondément affecté celle qui se dirigeait doucement vers l’âge adulte, l’âge où l’on doit faire des choix de carrière, des choix de vie. D’ailleurs, pendant que ses copines défendaient les couleurs françaises, Stecy était en vacances en famille mais ne parvenait pas à effacer cette déception de sa tête, elle y pensait sans cesse.

A son retour au sein de l’institution fédérale, la jeune intérieure, qui s’était laissée un peu aller au sein du cocon familial, avait pris plusieurs kilos sur la balance et ceci pouvait compromettre son avenir de basketteuse professionnelle. Pour retrouver son meilleur niveau, elle n’hésitait d’ailleurs pas à travailler sans relâche sur le parquet et en dehors. On voyait donc encore une fois une grande force de caractère ! Durant la saison 2018-2019 à l’INSEP, une blessure à la cheville lors d’un match de Ligue 2 a agi comme un déclic.

Au moment de raconter cet épisode de sa vie, Stecy était d’ailleurs un peu émue ! Car lorsqu’elle est retombée sur le terrain à la suite d’une mauvaise réception, ni ses coéquipières ni ses entraîneurs n’ont sembler s’émouvoir de son état et se sont à peine rendus auprès d’elle pour l’aider à se relever. L’individualisme que nous évoquions précédemment était encore plus parlant ce jour-là car elle a dû, pour ainsi dire, se débrouiller seule pour ne pas rester sur l’aire de jeu, avec l’assistance tout de même du kiné de l’équipe. Une nouvelle leçon de vie qui l’a forgée encore davantage. A cet instant, elle n’en voulait d’ailleurs à personne d’avoir réagi de la sorte. Au contraire, c’est à elle-même qu’elle en a voulu d’avoir pris autant de poids durant l’été, ce qui a entraîné ce qu’elle qualifie de blessure stupide.

Durant sa rééducation, ses efforts ont encore été démultipliés, sous le regard admiratif du corps médical et de la préparatrice physique du Centre Fédéral. En parallèle, elle essayait de cacher un mal-être permanent, lié à une situation personnelle compliquée car elle ne parvenait pas à s’intégrer dans le groupe. Ce mal-être, elle reconnait ne pas l’avoir compensé de la meilleure des manières puisqu’elle se réfugiait dans la nourriture, une fois de plus. Autant dire que ce n’était pas l’idée la plus brillante quand on aspire à être sportive de haut niveau ! Stecy relativisait et se disait que ça ne serait qu’une mauvaise période dont elle parviendrait à se sortir facilement.